Vélo Volant à la recherche d’un foyer

L‘initiative des résident.e.s, Vélo Volant, qui dispose d’un atelier de réparation de vélos autonome et autogérée a été évacuée de la maison où elle se trouvait depuis 2015. Elle se trouve maintenant dans un lieu temporaire et inadapté à leurs activités. Si Vélo Volant ne trouve pas de local où s’installer de façon permanente,  l’organisation risque de disparaître.

Assis autour d’une table fabriquée à partir d’une palette en bois, sept bénévoles de Vélo Volant planifient les activités de la journée. Pendant qu’iels énumèrent les choses à faire, iels mangent des mandarines, des gâteaux faits maison et boivent du thé et du café. Iels sont dehors dans le jardin, profitant de cet automne particulièrement doux.

La convivialité est le maître mot de  cet atelier de vélo autonome et autogéré, mais cette fois-ci, c’est différent. Le pique-nique se déroule devant une petite maison en briques rouges, entre la Fondation Suisse et le terrain de football. C’était autrefois une maison de gardien, mais selon Adrien, l’un des bénévoles de Vélo Volant qui s’implique depuis deux ans, elle n’a pas été utilisée depuis plus d’une décennie. “Nous, on est temporairement ici parce qu’on devait déménager de la Maison du Liban et le responsable qui fait le lien entre le Cité et nous, nous a trouvé ce local en attendant. Mais ce n’est pas une installation définitive parce que ce lieu va être remodelé aussi”, explique Adrien. Le déménagement a eu lieu une semaine avant l’entretien, et étant donné qu’historiquement ils ne se réunissent que le samedi, les membres étaient en pleine organisation. “On s’installe et c’est ici qu’on va continuer en attendant d’avoir un local où l’on sait qu’on peut rester définitivement. On est là au moins six mois, peut-être un an”.

Qu’est-ce que Vélo Volant ?

Vélo Volant a débuté en 2015 à l’initiative de résident.e.s qui apprécient et favorisent l’utilisation du vélo comme moyen de transport et de loisir. Leur proposition consiste à accueillir les personnes qui ont besoin de réparer leur vélo et à leur apprendre à le faire par eux-mêmes, au lieu de leur faire payer la réparation.

“Tout est issu de la récupération et du bénévolat. On reçoit un peu d’aide de la Cité Universitaire grâce au fonds des  initiatives des résidents pour acheter des matériaux”, dit Francesco, l’un des fondateurs de Vélo Volant. Même s’il n’est plus résident de la Cité Universitaire et n’est plus un habitué de l’atelier, il est revenu pour aider au déménagement et à l’installation dans le nouvel espace. “C’est presque anarchique, ce projet. Nous  produisons nous-mêmes ici, nous conservons et assurons le suivi de ce que nous faisons”. 

Un autre aspect très important de l’initiative consiste en la récupération des bicyclettes : l’équipe de sécurité de la Cité collecte les vélos abandonnés et les apporte à Vélo Volant. “S’ils sont en très mauvais état on les démonte et on récupère les pièces, et s’ils sont en bon état on les répare et on a un système de location où les résidentes peuvent avoir un vélo gratuitement. On a juste une caution qu’on rend quand iels ramènent le vélo. Cela permet aux étudiant.e.s internationaux qui sont là pour seulement un semestre ou un an de se procurer un vélo facilement”, explique Adrien. 

À la recherche d’un nouvel espace

La Maison du Liban a permis à Vélo Volant de s’installer dans le garage de la résidence, avec comme contrainte de n’être ouvert que le samedi, à partir de 14 heures. Cependant, pour l’année scolaire 2022, l’administration leur a demandé de partir afin de réaménager l’espace et de l’utiliser pour  d’autres projets.

La CiuP a provisoirement accordé un autre local à côté du stade. Cependant, il n’est pas le plus approprié pour un atelier de cyclisme. L’entrée se fait par des escaliers étroits et l’espace se compose de sept pièces divisées Si le travail de réparation ne s’effectue pas à l’extérieur, iels ne pourront travailler que sur trois ou quatre vélos à la fois. Malgré tout, les volontaires sont optimistes : “On était habitués à un petit espace, c’était très très dense. Et maintenant nous avons plus de place, c’est bien, c’est une bonne chose, mais le problème est que nous n’allons pas rester là”, dit Adrien. 

Les membres de Vélo Volant ont envoyé des lettres de réclamation aux directeurs des maisons de la Cité Universitaire, à la recherche d’un espace permanent. Aucune réponse positive ne leur est parvenue, ce qui met cette initiative en péril. Compte tenu de la volatilité des séjours des résidents de la Cité, ce projet se transmet de génération en génération et l’absence d’un espace permanent rend la chose difficile. 

Tout en trouvant des solutions, l’équipe d’amoureux du vélo continue de se réunir et de s’approprier ce nouvel espace, installant des supports à vélos, enlevant des portes pour faire plus d’espace et inventant les meilleures façons de monter et descendre les escaliers, pas approprié pour des bicyclettes.

Les résident.e.s de la Cité  y sont accueilli.e.s avec patience et gentillesse, on  leur apprend les meilleures techniques pour réparer leurs roues et tout en partageant la nourriture mise sur la table. Même sans un endroit définitif où loger, les gens du Vélo Volant cherchent à construire un foyer. 

Photographie: Sofía Viramontes

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