Paresse ou réflexion sur le travail

©André Mueller

Du 22 novembre au 7 décembre au Théâtre de la cité internationale
(Lundi, vendredi-20h
Mardi, jeudi, samedi -19h
Relâche mercredi et dimanche)

    Paresse est un seul en scène joué par Maxime Kerzanet qui « voulai[t] faire un spectacle tout seul, sur un sujet qui concerne tout le monde : le travail ». Le comédien, complété dans l’écriture par Chloé Brugnon, tente de relever le défi. Avec pour trame de fond  l’ouvrage de Paul Lafargue paru en 1880, Le Droit à la paresse,  il propose une réflexion sur le travail et la place qu’il occupe dans le fonctionnement de notre société. Car en effet, ce texte est toujours d’actualité puisque l’on discute encore, de la réduction du temps de travail ou des conditions des travailleurs. 

    Mais Paresse n’est pas seulement une pièce autour du travail. Le personnage, Paul ne se contente pas de simplement citer ce qu’il appelle les « références de terminale » depuis Hegel jusqu’à Hugo en passant par Marx, ou d’expliquer l’étymologie latine du mot « travail ». Il tente de mettre au jour la pièce en train de se faire à travers le dédoublement de son personnage en un certain Auguste, sorte de voix intérieure qui l’encourage à travailler. C’est ainsi que le travail du comédien est révélé et ce dès l’introduction à la représentation. Maxime Kerzanet explique la genèse de la pièce et semble retarder la mise au travail, comme si l’idée de la pièce était bien là mais  ne pouvait être immédiatement réalisée. Cette entrée en matière fait penser à la procrastination qui nous empêche de se mettre au travail alors que nous avons en tête une idée claire et distincte de ce que nous souhaitons réaliser. Cela va non s’en rappeler un certain Marcel Proust qui raconte sa peine à passer à l’écriture d’A la Recherche du temps perdu dans A l’Ombre des jeunes filles en fleur : « Si j’avais été moins décidé à me mettre définitivement au travail j’aurais peut-être fait un effort pour commencer tout de suite. […] Mais j’étais raisonnable. De la part de qui avait attendu des années il eût été puéril de ne pas supporter un retard de trois jours. »

    Au-delà de la notion de travail et du travail comme création de l’artiste, la pièce propose d’explorer notre rapport au temps, et confronte le spectateur à son horizon d’attente. Si le texte joue avec les références attendues, la mise en scène laisse place à la surprise et la modulation de l’espace scénique finit par mettre le personnage littéralement au pied du mur l’obligeant ainsi à se mettre au travail. Les intermèdes musicaux accompagnés par des jeux de lumière mettent en valeur le décor qui s’insère parfaitement dans la salle Resserre du Théâtre de la cité internationale. 

    Paresse est donc une pièce engageante et engagée, permettant une ouverture sur le travail mais pas que. Sur le temps, sur notre rapport au réel et sur celui que nous entretenons avec l’art, elle nous exhorte à profiter de notre temps chômé pour aller au théâtre.

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