Paris, Ville-Lumière, est connue pour briller par ses musées modernes et anciens, ses monuments grandioses, son architecture haussmannienne et… son métro ? Vieux de plus d’un siècle, le réseau métropolitain de transport regorge de merveilles cachées au travers de ses 303 stations. Il s’agit d’une véritable exposition artistique, ouverte même le dimanche, pour un prix modique de 1,90 € ou rien du tout pour les plus téméraires qui sauteront la barrière. Voici quelques perles qui font la tête d’affiche.
L’arrêt de métro Cité, sur la ligne 4, souterrain de la Cathédrale Notre-Dame et de la Préfecture de Paris, est bordé de lampadaires classiques qui éclairent wagons et voyageurs. Leur intermittence donne un air un peu lugubre à la station, plongée 20 mètres sous terre.
Dès l’ouverture des portes, les passagers débarquant à la station Arts et Métiers se retrouvent plongés dans l’imaginaire de Jules Verne, une concoction industrielle de cuivre et de tuyaux steampunk reproduisant le légendaire Nautilus, avec un éloge aux diverses avancées technologiques du XIXe et XXe siècle. Il s’agit d’une œuvre datant de 1994 des artistes Benoît Peeters et François Schuiten.
Au bout du long tunnel menant à la gare Saint-Lazare, au travers d’une foule de voyageurs, il est possible d’apercevoir une grande bouche en mosaïque, gracieuseté de la ville de Montréal et de son artiste Geneviève Cadieux, qui signe La voie lactée. Sur les murs qui mènent à l’œuvre presque érotique sont inscrits les mots de la poète québécoise Anne Hébert. Le corridor mène à un enchevêtrement d’escaliers surplombant un parquet qu’on reconnaît aussitôt à sa forme d’horloge, rappelant l’heure aux passants pressés de prendre leur train.
La station Franklin D. Roosevelt, hommage à un populaire président que certains voudraient retrouver, est à cheval entre modernité et antiquaille. Sur la ligne 1, décor ostentatoire : plancher de pierre, lampes obsidiennes et palette de couleurs sombres et élégantes. Quelques pas vers la correspondance mènent à un arrangement plus classique : bancs jaunes sur fond de vieilles vitrines vétustes, créant un clivage entre deux paysages pour deux époques.
Un peu plus loin sur la ligne 12, la station Concorde, située à proximité du Jeu de Paume, se présente comme effigie militante des idéaux de la Révolution française. Les tuiles blanches classiques sont remplacées sur l’ensemble des murs par une mosaïque signée Françoise Schein, tapissant mot-par-mot la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789.
La station St-Michel Notre-Dame, perchée entre les lignes 4 et 10 du métro et le RER B, au cœur du Quartier Latin, expose le travail colossal de Claude Maréchal, qui transforme les murs en couleurs vives, en une grande fresque évoquant la nature vive et les oiseaux fous.
À la sortie du Conseil d’État, c’est cette fois-ci une bouche de métro de la station Palais Royal- Musée du Louvre qui sort de l’ordinaire. Le Kiosque des noctambules de Jean-Michel Othoniel est constitué d’une panoplie de sphères de verre Murano, de différentes tailles et couleurs sur un support d’aluminium. Les deux coupoles qui surmontent l’édicule rappellent le jour et la nuit, entre couleurs chaudes et froides, le tout évoquant un monde féérique Shakespearien.
La station des Tuileries sur la ligne 1 est conçue en collage déchainé de pop-art et d’histoire, se démarquant par son style éclaté et ses milliers de curiosités. Il s’agit d’un musée en soi, qui témoigne de l’évolution de la culture de consommation, passant de Charlie Chaplin aux malaxeurs
Enfin, la station Louvre-Rivoli sur la ligne 1 donne un avant-gout du fameux musée à l’étage supérieur, regorgeant de marbres sélectionnés dans un contexte élégant de galerie d’art.
Ce ne sont là que quelques échantillons des merveilles d’un monde souterrain qui reste à découvrir, qui vibre au son de ses musiciens ambulants, ses tags amusants, et des millions qui l’empruntent à chaque jour. La leçon : gardez l’œil ouvert où que vous soyez, ça change la signification du métro-boulot-dodo.
Par Alexandre Thibault et Sophie Racine Mendez