SAGA ET ARA ARA : Deux saisissantes danses présentées au théâtre de la cité internationale

@alice_brazzit

SAGA

De Marco de D’Agostin

Dans le cadre de New Settings, un programme de la Fondation d’entreprise Hermés.

Avec des sons qui intriguent – le bruit de la pluie en arrière-plan – l’orage, le tonnerre… c’est comme dans un réveil que commence SAGA.

La fusion des sons semble réveiller les personnages dans la pièce : confus, perdus, troublés par leurs regards qui s’éveillent, comme s’ils commençaient à se découvrir, après avoir été figés depuis une époque ancienne ou peut-être perdus sur une autre planète que la Terre. Leurs vêtements urbains, décontractés, nettement occidentaux, aux couleurs d’agrumes, évocateurs de l’époque actuelle, révèlent qu’ils ne sont pas si anciens, ils sont du présent, mais c’est comme s’ils naissaient au mélange des sons. Leur apparence et leurs mouvements ne semblent pas être de ce monde.

Une mise en scène assez particulière, comme un tableau peint qui serait réveillé par la musique. La musique les anime, leur donne du caractère. La musique est définitivement le gouvernail des mouvements et des actions.  

La musique sur différents plans, peut-être deux, trois, quatre ? Elle guide les personnages sur scène et plonge le spectateur dans la même atmosphère de mystère et de nostalgie. Il fait passer les émotions d’un moment à l’autre, tandis que les personnages évoluent curieusement, s’animent de plus en plus, ils ne parlent pas, ils s’observent. 

Les sons mélodiques des fusions électroniques font exploser certains des personnages dans des mouvements coordonnés, synchronisés, explosifs et fascinants. Insinuant que quelque chose en eux a besoin de sortir, ils connaissent les sons, ils s’éveillent à eux, ils veulent aller au-delà de l’intérieur du corps, il y a un rythme et des mouvements qui les reflètent.   

Les bruits de fond les font se déplacer dans la pièce comme s’ils étaient à la recherche de réponses. Ils ne se touchent pas, mais le timide contact de leur regard les révèle, ils savent qu’ils ne sont pas seuls. Ils montrent un intérêt pour la découverte, mais ils sont méfiants, timides et se protègent peut-être de l’inconnu.  

La pluie, la nostalgie, la cohabitation… 

Des voix étrangères en arrière-plan, des sons rituels, le chant, la musique festive. Tous ces éléments sont combinés avec leur propre atmosphère dans la scène. Ils redimensionnent l’espace, l’amplifient dans des dimensions intangibles mais très sensibles. Les émotions sont modifiées par les hauts, les bas et les mélanges de sons. Ils transportent vers l’inconnu mais ce faisant ils  accueillent.  

C’était inévitable, les sons appellent et la danse n’attend pas. Les personnages, précautionneux, se déplacent avec des mouvements exotiques et denses.  

Les sons urbains évoquent le trafic quotidien des villes chaotiques et les voix d’enfants joyeux au loin : ils convoquent la nostalgie du passé. Les sons chamaniques appellent au rituel. Des questions se posent : où sommes-nous et où allons-nous ?   

La ville, la jungle, un petit bar, la maison. Nous pouvons les contempler tous au même instant. Ici et là. Confusion et liberté sur scène. 

Les personnages, toujours confus, maintenant beaucoup plus éveillés et conscients du corps qu’ils habitent, se touchent, bougent subtilement, sont enthousiasmés, dansent, dansent, dansent… 

Des mouvements éclectiques émergent de leurs corps, maintenant ce n’est pas la musique qui les évoque, c’est eux-mêmes qui les laissent émerger. Plaisir et séduction semblent entrer en scène entre quelques curieux personnages. La complicité apparaît, une connexion est remarquée à travers le contact visuel. Comme s’ils découvraient qu’ils ont des liens en commun, ils commencent à se rapprocher, ils chantent doucement, ils chantent ensemble dans le même refrain.  

La musique et les sons font voler tout le monde, les spectateurs et les acteurs

Maintenant, ils appartiennent tous à la même raison. Une partie de la même terre, de la même société, de la même famille. La diversité évoquée par les différentes langues et les différents sons règne sur la scène et la recherche d’unité et de connexion est le moteur de l’action.  

Tout change, ils sont éclectiques, brillent sur la scène, la plupart des personnages sont en complète extase, le volume de la musique augmente et les sens sont exacerbés.  Intoxiqués par la même dose, les sens exacerbés, ils dansent sans relâche.  

Tout cela se termine par un sentiment de bien-être accru et un sentiment d’unité.La musique ne gronde plus et la lumière, comme au réveil du matin, commence à éclairer. Tout se calme.  

La scène s’éteint et tout semble recommencer. 

Une œuvre qui entre dans le corps.

ARA – ARA 

De Ginevra Panzetti & Enrico Ticconi

@valerio-figuccio

On pourrait dire que ARA ARA est un avant ou un après le réveil de SAGA. C’est comme si les deux avaient été conçus comme une partie de l’autre. Les liens, l’équipe, la cohabitation, le territoire, la distance et la proximité. 

Dans cette pièce de danse, au rythme de la marche et des trombones, des rythmes coordonnés. La dualité et l’unité entre les genres sont montrées. Un homme et une femme dans le magnétisme et la distance. Proche et lointain en une seule et même chose. Dans un va-et-vient avec le drapeau comme symbole d’une nation. La patrie les unit et ils construisent la patrie comme une unité en soi.  

Sur une scène de mouvements synchronisés, ponctués d’expressions théâtrales, où la combinaison de la musique et des sons de fond joue un rôle clé. Des sons de la jungle à l’intérieur, des insectes qui chantent au son de la nuit, des crapauds qui s’amusent et des animaux qui bougent. 

Deux corps enveloppés de costumes noirs se disputent le pouvoir sur la scène. Le drapeau est le contrôle, si vous l’avez, vous avez le contrôle. L’autre, qu’il soit homme ou femme, s’il perd le drapeau, il perd le pouvoir, il tombe à terre, il rampe. Les liens invisibles entre les deux rendent inévitable la renaissance constante du soutien entre l’un et l’autre. 

Une union, une romance, un pouvoir, une patrie. Un homme et une femme en séduction progressive.  

Les tambours et les trompettes qui les appellent au combat. Ils sont prêts, ils le savent. 

Leurs coiffures et les bottes qu’ils portent annoncent qu’ils sont prêts pour la guerre. La nostalgie et les émotions sont emportées par la musique, même si la bataille continue, douce et évocatrice, mais continue, elle ne s’arrête pas. Ils dansent sans fin dans des échanges constants de domination, le drapeau qui va et vient. Des blessures apparaissent, mais elles guérissent. Ils tombent et se relèvent, ils se soutiennent mutuellement, ils s’éloignent, mais ils reviennent.  

Les mouvements sont fantastiques, ils bougent sans cesse  ;la mélodie de leurs corps dansants ravit. Ils marchent, se battent, se retrouvent et se dispersent au son des marches qui vont et viennent comme les vagues de la mer. 

Leurs danses symétriques et structurées les réunissent en un point central où ils ne font plus qu’un. Le drapeau au milieu les sépare à nouveau, les repousse, les attire… 

Un bruit brusque de l’eau qui apparaît les impressionne et les distrait pendant une seconde, mais ils reviennent à la charge. Ils sont clairs et déterminés. Leur regard se porte sur l’avenir. L’avenir, c’est le triomphe. 

Dans une maîtrise totale de la scène, un contrôle perspicace des mouvements qui ne s’arrêtent pas. Infatigables, les deux personnages, l’homme et la femme, poursuivent leur lutte au son de la fanfare.  

Instopables, ils continuent, ils continuent…  

C’est inévitable, le lien qui les unit est plus fort que tout, l’attraction les dépasse. Le drapeau définit le territoire, définit qui ils sont. Il y a quelque chose de plus fort, de plus humain, de moins convenu. Plus naturel, sans code, que seuls les sens peuvent décrire. 

La bataille continue, mais la romance les submerge. 

Grâce à la musique, le suspense s’installe dans la pièce, on se demande ce qui va se passer. Un nouveau drapeau apparaît, contenant les composants de ces deux-là. 

La fin attendue devient plus claire. Ils s’unissent pour ne faire qu’un. Sans arrêter les mouvements harmonieux des drapeaux, leurs bras sont infatigables. 

Ils sont magnifiquement synchronisés, ils construisent un seul être. Comme une machine à engrenages qui génère des mouvements continus et intégrés.  

Les deux, homme et femme, un drapeau, unis comme un seul homme. Fonctionnement en assemblée alors que le drapeau symbolique continue de flotter.  

Marche triomphale, l’unité a gagné.  

Et en un seul ils continuent, ils continuent…  

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