Du 1er au 5 novembre, la Maison du Mexique célébrera la “Journée des Morts” en organisant un concours d’autels pour commémorer l’une des plus importantes fêtes nationales du pays latinoamericain.
Nous, les Mexicains, sommes connus pour nos traditions, nos couleurs, nos fêtes et nos repas. El Día de muertos – traduit littéralement par “la Journée des morts” – est une des célébrations les plus importantes du pays.
Au Mexique, les deux premiers jours de novembre sont consacrés aux personnes décédées. Fleurs, bougies, papiers colorés et beaucoup de nourriture sont utilisés pour maintenir l’une des traditions ancestrales, célébrées dans le pays depuis bien avant l’arrivée des Espagnols; il est stipulé qu’elle est célébrée depuis plus de trois mille ans. Le jour des morts rassemble de multiples idiosyncrasies, croyances et coutumes.
L’un des aspects les plus importants de ce festival est la création d’autels. Soit sur les tombes dans les cimetières, soit en créant un petit espace dans la maison, la tradition consiste à dédier un espace au défunt pour le guider dans son long voyage : d’après l’histoire, les 1er et 2 novembre, les âmes peuvent revenir de l’au-delà pour être avec leurs proches pendant un petit moment et s’assurer qu’ici sur Terre, tout va bien.
En l’honneur de l’une des activités les plus traditionnelles, la Maison du Mexique organisera le prochain 2 novembre un concours d’autels réalisés par ses résidents. Le couloir principal sera flanqué de ces petits sanctuaires qui reprennent les traditions mexicaines les plus anciennes et les plus importantes, où l’on honore la mort pour célébrer la vie.
« Je pense que c’est un petit morceau de notre culture, c’est une représentation de l’une des festivités les plus importantes pour les Mexicains, qui nous unit tous », déclare Claudia Saucedo, directrice de la Maison du Mexique, dans une interview accordée à Cité Unie.
Chaque autel est fabriqué avec une série d’éléments de base. Il faut d’abord une table ou un espace horizontal, de préférence grand, avec une nappe – traditionnellement blanche – pour couvrir l’espace. Il est également de coutume de faire des autels à plusieurs niveaux, qui représentent les différentes étapes que les âmes doivent franchir pour atteindre le Mictlán, qui est le nom que les Mexicas donnaient à l’ inframonde, à l’au-delà.
Sur ce socle sont placées les photographies des personnes honorées, leurs plats et leurs boissons préférés et le pan de muerto, une exquise viennoise mexicaine à l’anis et à l’orange. On utilise également des bougies pour qu’à leur arrivée, ils puissent voir tout ce qui a été laissé pour eux ; du sel pour que le défunt ne soit pas corrompu pendant le voyage aller et retour ; de l’eau pour étancher leur soif et du chocolat chaud ; du copal ou de l’encens pour éloigner les mauvaises ondes et esprits qui peuvent accompagner nos proches outre-tombe ; des crânes en sucre, qui sont un héritage préhispanique pour honorer les dieux ; du papel picado – du papier crêpe découpé avec des figures représentatives de cette fête – et un petate – une sorte de natte en fibres tissées ; un Itzcuintli, le chien préhispanique qui aide les âmes à traverser le Mictlán. Les fleurs de cempasúchil, les fleurs des morts, sont également incontournables. Tous ces éléments sont essentiels à tout bon autel.
Un peu d’histoire
Cette fête trouve ses racines dans les peuples originels, ceux qui habitaient le Mexique avant l’arrivée des Espagnols. Cependant, étant donné la manière dont la conquête a été menée, ces traditions préhispaniques ont été mélangées à la religion catholique qui a été imposée dans tout le pays. Aujourd’hui, le Día de muertos est un grand exemple du syncrétisme qui existe au Mexique, où subsistent des traditions, des mots et des formes que nous avons hérités des peuples originels, mais qui ont été mélangés à des importations culturelles et sociales en provenance d’Espagne.
Un bon exemple de ce mélange est le pan de muerto. Avant que les Espagnols n’arrivent sur le territoire mexicain, c’était commun d’avoir des sacrifices humains. Mais quand la conquista a commencé, les Espagnols trouvant cette tradition violente et non-chrétienne, ils suggèrent d’échanger cette coutume par la création du “pain des morts”. Ce pain est recouvert de sucre et peint en rouge, pour représenter le sang des âmes.
Il existe des traditions spécifiques à cette fête dans les différentes régions du Mexique, mais certains aspects sont utilisés quelles qu’en soient les coordonnées. Les 1er et 2 novembre sont des jours immobiles : ce sont les jours où les âmes de nos proches qui ne sont plus en vie peuvent revenir visiter les vivants.
C’est pourquoi les autels sont pleins de lumières, de couleurs et d’odeurs, car nous devons montrer le chemin à nos proches afin qu’ils reviennent sains et saufs et ne se perdent pas au cours de leur voyage depuis les infra-mondes.
Cela peut sembler un peu sombre – l’idée qu’ils reviennent morts sur terre –, mais la croyance mexicaine le perçoit comme deux jours pendant lesquels ceux que nous avons perdus nous manquent un peu moins. En les honorant et en les célébrant, leur mémoire est vivante et on se souvient d’eux.
Les expressions populaires qui jaillissent lors du Journée des morts ont été transmises de génération en génération. De nouvelles ont également été ajoutées au fil du temps, par exemple le maquillage du visage comme les catrinas – les calacas décorées de fleurs réalisées par le muraliste José Guadalupe Posada et nommées par Diego Rivera – ou la parade, qui a été introduite dans le sillage du film Spectre de James Bond.
«J’ai toujours aimé faire une offrande à quelqu’un, à un artiste que j’admire, à un membre de la famille, à un animal de compagnie. Je pense que… enfin, peut-être que si on le voit comme ça, c’est un hommage à quelqu’un qui a été important dans nos vies», exprime Mme la directeure Saucedo.
Cette tradition est profondément imprégnée dans la culture mexicaine, et quelle que soit la région, la classe sociale ou même la religion, il est important pour les Mexicains de faire des autels. Dans certains endroits, il est si important que toute la communauté participe à cette célébration, comme à Pátzcuaro et Janitzio, à Michoacán.
Dans ces endroits, le début du mois de novembre devient un cortège de traditions. Des radeaux chargés de bougies qui dansent sur le lac, aux marchés de nourriture qui seront ensuite déposés pour les défunts sur les autels. L’odeur des fleurs embaume tous les coins de ces villes et, de temps en temps, on peut entendre les chants typiques avec lesquels la communauté appelle les âmes qui sont déjà en route.
Ce jour est si important qu’il a été déclaré patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), à compter du 7 novembre 2003.
À la Maison du Mexique
À la Maison du Mexique, il est célébré depuis les années 1980 avec des autels de différents personnages, mais ce n’est qu’il y a deux ans – lorsque Mme Salcedo est arrivée – que le concours a été institué parmi les participants. L’objectif est de réaliser l’autel le plus original, et en même temps celui qui représente le mieux cette ancienne tradition, avec ses éléments classiques.
Cette année, le jury sera composé de l’ambassadrice du Mexique en France, Mme Blanca Jiménez Cisneros, du consul M. Edgar Cubero et du gagnant du concours des deux années précédentes, César Raymundo González. L’anthropologue Raquel Urroz participera également et donnera des informations supplémentaires sur cette tradition.
Les portes sont ouvertes aux habitants de la Cité qui souhaitent vivre l’une des traditions les plus belles et les plus colorées que nous, Mexicains, ayons. Il y aura du pan de muerto et du chocolat chaud pour que les visiteurs puissent accompagner leur visite de délices typiques de cette fête mexicaine.
De plus, il y aura des visites guidées dans la expo des autels pour connaître avec profondeur l’histoire de Día de Muertos du 1er au 5 novembre. L’inscription et toutes les informations sur cette activité se trouvent ici.