Citation de la semaine : Angela Merkel, 9 novembre 2016

Crédit Alexander Kurz

« Celui qui dirige ce grand pays, compte tenu de sa puissance économique considérable, de son potentiel militaire et de son rayonnement particulier, a une responsabilité vis-à-vis du reste du monde »

Angela Merkel, le 9 novembre 2016

Ce sont les mots tant attendus qu’Angela Merkel, chancelière de la République fédérale d’Allemagne, a prononcés suite à la victoire controversée de Donald Trump aux élections à la présidence des États-Unis. Cette déclaration teintée d’une mise en garde vient balancer la tendance aux discours populistes qui prend de l’ampleur en Occident.

Dans cette allocution, Merkel enchaîne en rappelant les valeurs qui unissent les deux pays : « La démocratie, la liberté, le respect du droit et de la dignité humaine, quels que soient l’origine, la couleur de peau, la religion, le sexe, l’orientation sexuelle ou les opinions politiques ». Valeurs que plusieurs craignent de voir mises en péril à l’arrivée du milliardaire à la tête des États-Unis. D’autant plus que le futur président est entouré d’une administration composée de personnages controversés tels que Steeve Bannon, ancien dirigeant du site web à caractère suprématiste Breitbart News, et Mike Pence, gouverneur de l’Indiana critiqué pour l’instauration de lois discriminatoires envers les communautés LGBTQ, pour des postes aussi importants que conseiller stratégique et vice-président.

Dans cette foule d’incertitudes qui s’apprête à frapper l’ensemble des relations internationales, Barack Obama s’est rendu à son entretien prévu avec la chancelière allemande. Le sens de cette visite est interprété par plusieurs analystes comme un transfert symbolique du fameux rôle, qui était jusqu’ici donné aux présidents américains, de « leader of the free world ». Le rappel aux valeurs démocratiques et la mise en garde face au non-respect de celles-ci font de Merkel une des seules chefs d’État à l’international à défendre ces principes fondamentaux suite à l’élection américaine.

Faisant ainsi fi du discours neutre et diplomatique, elle brave plusieurs enjeux tels que les négociations de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis et une réforme de l’OTAN obligeant les membres à partager de façon équitable les coûts des activités de l’organisation. Les promesses protectionnistes de Donald Trump dans un contexte de mondialisation et d’interdépendance économique risquent d’avoir de très grands impacts en Europe comme partout dans le monde, ce qui rend d’autant plus admirable ce discours de défense d’un idéal qui semble vouloir s’éloigner dans plusieurs démocraties dites exemplaires. Après le Brexit, la victoire de la droite alternative aux États-Unis et des élections présidentielles françaises en mai qui donnent la main à Marine Le Pen au premier tour, le rôle de Merkel comme porte-étendard et défenseure du libéralisme est tangible.

Les élections de septembre 2017 en Allemagne semblent faire contraste avec ces dernières et tendent à réserver moins de surprise. En effet, le support populaire envers la chancelière pour que celle-ci reprenne le pouvoir pour un 4e mandat est de 59 %. Ainsi, la stabilité politique allemande favorise le transfert de responsabilités démocratiques que le président Obama désir léguer à Angela Merkel. Ce qui augure bien dans une ère où le populisme semble prendre de plus en plus de place dans les débats politiques.

Par Luka A. Jobin

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