Nous Disons Révolution

Le Marron inconnu, Port-au-Prince, Haïti – Cliophoto

Ce texte est issu des ateliers d’écriture et de création organisés dans le cadre de la rétrospective “Le cinéma en commun” À propos des producteurs de films Klot et Perceval au Centre Pompidou.

Il n’y a pas de marron, Il n’y a pas de nègmarron, Il n’y a pas de cimarrón

Il y a qu’un homme qui a retrouvé sa liberté, ce qui lui appartient

DANS LE MILIEU. La pluie, la nostalgie, la tristesse, l’orage, la désesperación, le tonnerre…

IL Y A UNE VOIX QUI S’EXCLAME. Un homme qui a échappé à l’esclavage est un homme libre qui ne doit pas être marqué par celui-ci, mais par les expériences qui l’ont marqué, par ces histoires qui font partie de sa vie et les traces qu’elles ont laissées sur lui. Le marronnage n’est pas un statut pour un homme qui a simplement retrouvé son état naturel de liberté, un droit dont il avait été privé. De l’ambition pour le pouvoir de l’autre. De la domination brutale, à la séduction rusée, en passant par la domestication sauvage ou subtile, pour qu’ils vous servent.

Le fugitif des chaînes qui le lient, court, regarde devant lui, s’échappe. La chaleur, la solitude, le froid, l’angoisse, l’incertitude, la quête…

EN ACTION L’homme qui s’échappe est un homme libre, et doit être traité comme un homme même, comme les autres.

DANS LE MILIEU L’homme court, l’homme s’échappe, l’homme saute, l’homme vit.

Confus, perdus, troublés de déchiffrer le chemin qui s’éveille devant leurs yeux, comme s’ils commençaient à se découvrir eux-mêmes. Après avoir été liés à un service forcé, bannis de leurs désirs et de leurs émotions depuis un temps très ancien. 

Les sons réapparaissent, ils sont du présent,

2.- 

L’homme qui est né sans chaînes et qui se sent pourtant lié part à la recherche de son propre destin.

IL Y A UNE VOIX QUI DIT Je suis né avec un caractère qui était déjà déterminé par mes ancêtres et leurs histoires. Ce caractère essentiel en moi, qui guide mes besoins, mes désirs, sera toujours condamné par les filtres de mon environnement ? Par les autres, par ceux qui m’appartiennent et auxquels je me sens appartenir, par ceux qui sont habilités, par ceux qui gouvernent, ceux qui décident pour moi et pour les autres.

IL Y A UNE VOIX QUI S’EXCLAME  L’homme parti à la recherche de son destin, d’une liberté conditionnée par un moment, par un lieu, par les siens et par ceux qui l’entourent.  

LA VOIX QUI DIT Puis-je vraiment choisir ma voie, je suis condamné et marqué par les miens, le besoin d’appartenir à mon groupe encadre et détermine mes décisions, mes pas, mes ambitions?

LA VOIX QUI S’EXCLAME L’homme qui naît libre et qui est asservi dans la recherche de son destin, cet homme ne s’arrête pas, il est déterminé par le lieu du destin qu’il a lui-même déterminé. Il continue, ce n’est qu’une pause difficile, le sens de sa vie est marqué par ce que lui-même, au moment de son départ, a tracé pour lui-même. Son chemin dévie, il improvise, vit et revit. Il souffre, il souffre, il continue… 

Il ne danse pas à son propre rythme, mais il danse, et il ne s’arrête pas. Il ne pense pas à ce qu’il a laissé derrière lui, sa conviction de l’avenir le pousse à regarder devant lui.

ÉCHO L’ambition, les rêves, demain, l’espoir, l’espoir, c’est ça, l’espoir,

ÉCHO La chaleur, la route, les coups, les besoins… La barrière,

ÉCHO Je reviens, le froid, la route, les coups, les besoins… La barrière,

ÉCHO J’essaie, la chaleur, la route, les coups, les besoins…

ÉCHO Je vire, le froid, la route, les coups, les besoins… J’arrive.

3.-

IL Y A UNE VOIX QUI CRIE Non, comme ceux d’hier, aujourd’hui, les hommes meurent comme les autres, maltraités, accablés !

IL Y A UNE VOIX QUI S’EXCLAME Ce n’est pas un secret, mais on ne le dit pas, on n’en parle pas.

Je sais, je sais ce qui s’est passé avant, comme les autres, je le chante, je le raconte.

DANS LE MILIEU La pluie, la nostalgie, la douleur, la chaleur, l’intégration, la cohabitation…

LA VOIX QUI S’EXCLAME L’homme parvient à s’échapper il n’est pas un pas marron, il n’est pas un nègre marron, il n’est pas un negmarron,  il n’est  pas de cimarrón. C’est un homme libre qui poursuit son voyage à la recherche du destin qu’il a redéfini.

Les marques l’ont rattrapé, il ne peut les effacer, il évoquera son destin dans le nouveau lieu. C’est cela, l’espoir du lendemain, qui l’anime.

L’homme sort de son obscurité, danse dans son bonheur sur un territoire conquis par des années de résistance de ses ancêtres.

L’étranger est bienvenu ou pleure dans son malheur.

Les personnes, la société, les coutumes, les espaces, les valeurs, les bénéfices, les avantages, le mélange…

Pour ceux qui ont souffert auparavant, pour ceux dont les proches ont souffert, pour ceux qui souffrent aujourd’hui en Libye, en Mauritanie, pour ceux qui sont des esclaves inconscients, et dans tant d’endroits que nous connaissons mais que nous ne nommons pas.

Par Carolina Duran

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