La fête selon BLBC

Jeudi soir, le collectif BLBC nous a emmenés faire et penser la fête au T2, un espace collectif de création au 24 rue du marché Popincourt. Alors que des instants de fête capturés ornaient les murs, le collectif Elya a transporté les fidèles réunis dans la galerie pendant que d’autres buvaient un verre de l’autre côté du rideau.

Qui sont ils?

Le collectif Bright Light BigCities a vu le jour en 2013 lorsque ses fondateurs se sont rencontrés à Manchester. Depuis, une vingtaine de jeunes tous en fin d’études mais d’horizons différents ont rejoint le projet. Curateurs, entrepreneurs culturels, médiateurs ou architectes, ils cherchent aujourd’hui à « désenclaver les pratiques culturelles et artistiques afin d’amener la création vers de nouveaux publics, tout autant qu’à porter des méthodes nouvelles au sein des structures classiques ». À

L’espace T2: espace de création collaboratif

En Janvier, BLBC a établi ses quartiers à l’espace T2 (galerie düo) au 24 rue du Marché Popincourt. À la fois cantine et lieu de création, cet espace hybride au coeur des ruelles calmes du quartier Popincourt se veut un espace d’échanges autant que d’exposition. Artistes, habitants et passants peuvent s’y réunir autour d’un repas ou d’un verre tout en faisant un tour dans la partie galerie.

Comme nous l’explique un des membres du collectif, cet endroit est aussi une façon pour le groupe d’avoir une réalité physique et un ancrage. Au début, ses membres exposaient ponctuellement à la galerie annexe au restaurant, mais progressivement une relation de confiance s’est instaurée avec la propriétaire, qui les laisse désormais s’y installer de façon pérenne.

Aujourd’hui on célèbre.

Pour leur première programmation à l’espace T2 – « Saison 1 – la Fête les fidèles », BLBC a convié plusieurs artistes et collectifs à explorer le thème de la fête et ses motifs. L’essence de la fête peut revêtir différents masques selon le moment dans le temps ou les circonstances – passant de la célébration traditionnelle à une forme de spectacle. Un espace-temps libertaire qui, tout en échappant aux normes du quotidien, donne lieu à ses propres codes et modes de communication. Une fois conceptualisée, la fête devient alors sujet à la fois de réflexion et d’expérience. Le collectif nous propose donc une réflexion de six mois sur ce qu’est vivre et penser la fête au travers de trois expositions, une résidence, des présentations de livres, des diffusions de films et des tables rondes, toutes abordant un aspect différentd’envisager la fête et la production artistique. C’est donc un tour du sujet à 360° qui se déroulera pendant 6 mois à l’espace T2.

Les photographes Charlotte Gonzalez et Rebecca Topakian ont ouvert les festivités en mettant en exergue le caractère sacré de la fête dont la transcendance peut être comparable à celle dont on est témoin lors d’un évènement religieux. Charlotte Gonzalez capture les moments de relâchement et s’interroge sur le besoin d’accéder à une réalité hors du temps avec des photos sombres dont il faut s’approcher pour en distinguer les détails. Quant à Rebecca Topakian, elle voulait des clichés authentiques exempts de mise en scène pour reproduire l’instant de perdition des oiseaux de nuit qui s’abandonnent à l’instant et à la musique. Munie d’un appareil numérique transformé pour ne capter que les ondes infrarouges et d’un panneau à LED non perceptible à l’oeil nu, elle parvient à agir discrètement et à capturer des épisodes de fête. Le résultat donne des photos très contrastées où les corps translucides émergent d’un fond noir. Deux artistes et deux procédés différents projettent directement le spectateur au cœur de la nuit.

Au-delà de l’image

Pour accompagner l’exposition d’une expérience sensible et immersive, BLBC invite différents artistes ou collectifs à investir les lieux et nous donner leur propre interprétation de l’exposition. Jeudi 2 Février, c’est le collectif Elya qui s’est approprié l’exposition avec un dispositif immersif sonore et visuel. Assis, debouts ou allongés, plongés dans la semi-pénombre, les visiteurs étaient invités à se laisser porter par la musique et l’atmosphère de la pièce. Les photos prenaient vie et s’animaient pour recréer cet instant de faux détachement, quand on devient à la fois spectateur et acteur. Une expérience immersive et collective, en somme. De l’autre côté du rideau, membres du collectif, habitués et passants commentaient la performance en buvant une bière autour de grandes tables en bois.

Cette première saison et la façon dont elle est menée s’inscrit ainsi complètement dans la démarche générale du collectif : appréhender de façon subversive la production artistique. En transformant une exposition en expérience sensorielle en ou en mêlant plusieurs supports et moyens artistiques, les artistes bousculent les pratiques traditionnelles de l’art et encouragent le public à se questionner. L’art devient alors une pratique collective et fédératrice, puisque artistes et témoins sont invités à se réunir et à échanger. Ils sont alors source d’inspiration mutuelle. C’est également une façon d’ouvrir l’art, en ce qui a trait à la création même autant qu’à la variété de public qu’il peut toucher.

Jusqu’au 15 février, vous pourrez y retrouver les photographies de Charlotte Gonzalez et de Rebecca Topakia, mais l’exploration de la fête se poursuit jusqu’en juillet avec une programmation diversifiée pour toucher un public large.  Le prochain épisode: le 16 février, avec la projection du film American Pie et une soirée sur le thème qui suivront.

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